CARACTÈRE

Egoïste : Il n'y a que lui qui compte. Il n'aidera personne car c'est chacun pour soi. La loi de la jungle, instaurée en pleine ville bétonnée.
Cultivé : l'Art, la littérature, le cinéma, Matthew avait énormément de passions avant tout ce merdier. Il continue de lire les ouvrages de son immense bibliothèque, mais ces plaisirs n'ont plus le même goût.
Calme : "Avant de parler, assure quoi que ce que tu vas dire vaut plus que le silence". Il a grandi en appliquant cette règle. Le son de sa voix ne s'élève que lors de rares occasions. Matthew préfère écouter, regarder, que parler et agir. Ses émotions, il les garde pour lui, les enterrent au fond de son être.
Drôle : Avant, il aimait faire des blagues que personne d'autre que lui ne comprenait. De l'humour basé sur ses références littéraires, notamment.
Solitaire : Alors qu'il était petit, sa mère disait toujours que Matthew était artiste, euphémisme pour excuser son comportement marginal. L'enfant regardait le monde avec des yeux grands ouverts et passait le plus clair de son temps caché derrière un meuble, à lire ou s'inventer des histoires.
Obéissant : Certains sont nés pour diriger, d'autres pour suivre. Il est évident que Matthew relève de cette dernière catégorie, les moutons. Il dit amen à tout ce que les détenteurs de l'autorité peuvent lui dire.
Tanathophobe : Sa plus grande peur, c'est de crever. Il s'imagine déjà, ne plus rien voir, ne plus rien entendre, ne plus pouvoir bouger, mais rester conscient dans un corps mort pour l'éternité. Parfois, cette pensée surgit sans crier gare dans son esprit et le force à serrer les dents afin de retenir un cri. Il préfère encore survivre malheureux que crever. Alors il ne fait pas de vague. Il la boucle et répète "Loué soit-il" à longueur de journée. Il va même jusqu'à fourrer son engin dans sa servante une fois par mois, par peur d'être dénoncé. Pourtant, ça lui donne envie de vomir, ou de partir en fou rire hystérique. Le monde n'a plus aucun sens.
Plein de regrets : Ses nuits sont trop courtes. Ses nerfs trop tendus. Ses cernes trop marquées. Il n'en parle à personne, mais il sait qu'il à sa part de responsabilité dans la création de Gilead ainsi que dans sa pérennité. Il pense souvent à cette citation, de l'Abbé Grégoire :

« J’appelle négrier, non seulement le capitaine de navire qui vol, achète, enchaîne, encaque et vends des hommes noirs, ou sang-mêlés, qui même les jette à la mer pour faire disparaître le corps du délit, mais encore tout individu qui, par une coopération directe ou indirecte, est complice de ses crimes. Ainsi, la dénomination de négriers comprend les armateurs, affréteurs, actionnaires, commanditaires, assureurs, colons-planteurs, gérants, capitaines, contremaîtres et jusqu’au dernier des matelots, participant à ce trafic honteux. »

Lâche : Paralysé par sa peur, Matthew ne fera jamais rien contraire aux ordres. Enfin, "ne jamais dire jamais", n'est-ce pas ?

A côté de ça, le jeune homme avait du mal à entretenir de relation saine. Il ne comprenait pas pourquoi il fallait se lier à une seule personne et s'y tenir. Lui préférait expérimenter, à droite, à gauche. Il avait une petite-amie, très investie dans la lutte, mais pensait que ses propres intentions étaient claires : il ne promettait pas fidélité et ne s'attendait pas à ce qu'elle l'attende patiemment non plus. Lorsqu'elle le demanda en mariage, il comprit qu'il aurait dû être plus explicite. Ils étaient si jeunes. Il n'aurait jamais pensé se marier à vingt ans à peine. Il accepta, malgré ses sentiments pour une autre, malgré son égoïsme, pour faire plaisir à son père et parce que cette femme était loin d'être désagréable. Il l'aimait tendrement, comme une aime la fille de la voisine qu'on a vu grandir. Elle, elle voulait se marier pour ne plus vivre dans le péché, disait-elle. Ça le faisait doucement rire, il aurait dû se méfier.

Matthew croise régulièrement son fils, grandissant à quelques rues de chez lui. Il est grand, maintenant. Le couple s'occupant de lui est tellement fier qu'il pourrait leur vomir sur les chaussures. Il voit bien que son ancienne amante regarde l'enfant avec désespoir à chaque fois qu'elle a l'occasion de le voir. Il voit bien que sa femme n'est pas dupe et qu'elle le déteste. Sa propre Martha a peur de lui, sachant qu'il a le pouvoir de l'envoyer aux colonies. Il est plus seul que jamais, mais il fait avec. Parce que si les servantes parviennent à endurer ce supplice, alors il le peut aussi. Chaque jour après l'autre. Il attend un miracle pour contrecarrer sa damnation qu'il a lui-même provoqué.